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Episode 16 : Ma vie sera tienne.
Dans le dernier épisode, Sandro et Lucia ont décidé de sortir ensemble. Et cette nouveauté leur a procuré beaucoup de bonheur... Mais, bien sûr, ils ne sont pas les seuls à filer le parfait amour. En effet, Joshua et Ana attendent avec impatience les résultats de la prise de sang. Ana est-elle enceinte ? Malgré cela, tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes : l'épisode s'est achevé sur une réflexion inquiétante de Sandro. Alors, va-t-il vraiment mettre son projet à exécution ?
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Par Liamia le 23 Décembre 2013 à 16:49
Sandro griffonna sur un bout de papier quelques mots à l'attention de sa petite amie :
Ensuite, il posa, bien en vue, le mot sur un plan de travail de la cuisine.
Son dernier geste fut de saisir plusieurs boîtes de médicaments rangés dans les tiroirs de la cuisine et d'en vider le contenu dans sa bouche. Une larme vint alors s'écraser sur le carrelage.
Et le jeune homme songea à un mot : ironie.
Car, même si nous cherchons tous à être heureux de nos vies, le cas échéant, nous ne voyons parfois qu'une seule solution. Celle-là même qui est opposée à la vie.
Et elle ne tient qu'à nous.
Alors égoïsme ou faiblesse, quelle importance, sur le moment, comparé à l'acte lui-même ?
Peu de temps après, Lucia entra dans la cuisine et s'exclama, sans chercher du regard le propriétaire de la maison :
- Sandro ? Désolée, j'ai oublié mes clefs, tu sais où elles...
Ayant une impression de déjà vu, elle baissa les yeux sur le carrelage et vit le corps inerte du jeune homme. Paniquée, elle se précipita vers lui, vérifia son pouls -faible- et mit sa tête sur ses genoux.
- Sandro ! Je t'en prie, ne me laisse pas ! Tu... Tu n'as pas le droit !
Elle releva la tête et vit vaguement des boîtes de médicaments mal dissimulées dans le bar.
La vérité lui fit l'effet d'une balle.
Lentement, la belle rousse sortit son téléphone de sa poche et composa le numéro des urgences. Lentement, car ses doigts trembler. Lentement, car elle retenait ses larmes. Lentement, car son propre coeur semblait vouloir battre pour alimenter de sang leurs deux corps.
Lentement car elle l'aimait trop pour vivre sans lui.
Après l'appel, elle caressa le visage transformé par le désespoir de la personne devenue la plus importante de sa vie et lui dit doucement :
- Accroche-toi Sandro. Tu ne mourras pas aujourd'hui, je ne te laisserai pas faire, affirma-t-elle avec détermination.
Ce fut à ce moment-là que le mot rédigé par le jeune homme tomba sur le carrelage, poussé par la brise venant d'une fenêtre ouverte.
Lucia le lut rapidement et se demanda alors pourquoi, ce soir-là, Sandro avait voulu passé à l'acte. Pourquoi ce soir-là et pas un autre ?
Et, en le dévisageant, elle comprit. Elle l'avait laissé seul, et cela lui avait rappelé le départ d'Ema. Il avait sans doute suffi d'une odeur, d'un objet, d'un souvenir, d'un bruit, et soudain...
Il avait décidé de la rejoindre.
***
A vingt-et-une heures, Joshua et Ana attendaient toujours les résultats de la prise de sang, installés sur le canapé de leur chambre. La tête sur les genoux de son mari, la jeune femme, dont les cheveux avaient été soigneusement brossés après sa douche, reposait ses yeux fatigués, pendant que Joshua caressait tendrement ses cheveux.
Bientôt, leurs téléphones sonnèrent simultanément, ou presque, et ils se levèrent tous deux avec hâte pour répondre.
Ana s'éloigna de ce coin de la pièce dans le but de ne pas perturber les deux communications.
- Allo ? dit la jeune femme, pleine d'espoir.
- Bonsoir, je travaille à l'hôpital d'Isla Paradiso, vous êtes bien Adriana Pilar ? demanda une voix pressée.
- C'est elle-même.
- Vos résultats ont confirmé votre grossesse. Félicitations, il semblerait que votre bébé sera là dans huit mois.
Hébétée et prise d'une envie de rire, Ana fit répéter à la personne au bout du fil ce qu'elle venait de dire, réticente à y croire.
- Vous en êtes bien sûre ?
- Oui madame.
- Dans ce cas, je vous remercie de votre appel. Bonne soirée à vous ! chantonna la jeune femme gaiement.
Et lorsqu'elle raccrocha, elle se sentit englobée par une sphère de chaleur inégalable, comme si tous ses problèmes s'étaient envolés.
Pendant ce temps, Joshua vit sur son mobile que l'appel provenait de Lucia, aussi s'exclama-t-il, heureux d'avoir des nouvelles :
- Hey ! Comment ça va ?
- Joshua, répondit la styliste d'une toute petite voix.
- Lucia ? Il y a un problème ? s'enquit-il, sincèrement inquiet.
- Je... Sandro... hoqueta-t-elle, les joues inondées de larmes.
- Sandro a eu un accident ? supposa Joshua, déjà paniqué par tous les scénarios qui défilaient dans son esprit.
Lorsqu'elle répondit, la jeune femme crut que ces mots l'anéantiraient :
- Non, murmura Lucia, les yeux clos. Il a tenté de mettre fin à ses jours. Avec des médicaments puissants.
Cette insupportable vérité coupa le souffle au jeune homme, qui eut l'impression de revivre les drames de son passé. Malgré tout, il prit sur lui et affirma qu'il serait arrivé à l'hôpital dans un quart d'heure au plus tard.
Puis, Joshua se tourna vers sa femme, qui venait elle aussi de terminer sa discussion et s'avançait vers lui avec précipitation, un grand sourire sur les lèvres. Ce dernier s'affaissa quand elle vit le regard fermé de son époux.
- Chéri ? Il s'est passé quelque chose de grave ?
Alors, il lui raconta les faits rapportés par Lucia.
- Oh non...
La jeune femme réalisa avec beaucoup de douleur que, pendant qu'elle attendait de savoir si oui ou non elle portait la vie en elle, Sandro cherchait à mettre un terme à la sienne.
- On ne sait pas s'il va s'en sortir, déclara Joshua. Je dois y aller.
Et, sans même hésiter, Ana répondit :
- Je viens avec toi.
Ils partirent donc soutenir leurs meilleurs amis main dans la main et dans le silence complet ; Ana n'osa pas parler du bébé à Joshua alors que la survie de Sandro n'était même pas certaine.
***
Au grand soulagement de tous, les médecins avaient assuré, vingt-quatre heures après la tentative de suicide de Sandro, que le brun survivrait, une fois son corps débarrassé de tous les substances absorbées.
Pourtant, Ana, Joshua et Lucia le savaient : le plus dur restait à venir. En effet, après un rétablissement physique, Sandro devrait se remettre mentalement de son passé, ce qui ne serait pas chose aisée. Aussi les trois amis le firent-ils placer dans un centre de psychothérapie spécialisé afin d'aider le jeune homme à surmonter cette période. Ils s'étaient bien renseignés : cet établissement obtenait régulièrement des "guérisons" quasi complètes et les psychothérapeutes qui y travaillaient avaient bonne réputation. Bien sûr, Lucia y passait tout son temps libre, et le couple fraichement marié la relayait pour rester auprès de Sandro.
Les journées s'enchainèrent, et ce fut donc dans ce contexte particulier qu'Ana vécût son début de grossesse. Lorsqu'elle avait enfin annoncé la merveilleuse nouvelle à son mari, une semaine après l'incident de Sandro, Joshua avait mis temporairement son inquiétude de côté et s'était réjoui avec elle. Quant aux parents d'Ana, ils étaient tout simplement fous de joie de savoir qu'ils allaient bientôt avoir leur premier petit-enfant.
***
Un beau matin, un mois après l'incident, la jeune femme se réveilla de bonne humeur, certaine que tout allait s'arranger pour Sandro et que la vie reprendrait son cours normal. Et, comme tous les matins, son premier geste fut de caresser son ventre encore plat tout en parlant à son enfant.
- Bonjour bébé, dit-elle d'une voix douce. Je sais que tu n'es encore qu'un embryon crée il y a deux mois, mais je t'imagine déjà dans mes bras, dans ton berceau... J'espère que les sept prochains mois passeront vite !
Alors qu'Ana se dirigeait vers la salle de bain, Joshua parvint à s'extirper de lit et entreprit de le faire.
- Tu sais ma puce, commença-t-il, encore somnolent, le bébé ne t'entend pas encore.
- Je sais, mais je préfère prendre l'habitude maintenant. Et puis, j'en avais envie, ajouta-t-elle en souriant.
***
Ce même jour, vers huit heures, Lucia arriva au centre de psychothérapie et se présenta à l'accueil pour prendre des nouvelles de Sandro ; celui-ci n'avait pas fait de progrès visibles depuis la veille, d'après la femme derrière le comptoir. La belle rousse, peu surprise par cela, se dirigea avec grâce vers la chambre du jeune homme. Une fois devant la porte, elle ne prit pas la peine de frapper ; Sandro ne répondrait pas, et elle entra donc sans perdre de temps.
Il était assis sur un fauteuil devant la baie vitrée, comme souvent depuis son arrivée dans cet établissement.
- Bonjour Sandro, le salua-t-elle avec douceur.
Même si elle ne voyait pas encore de face le visage du brun, elle savait qu'il était calme, serein, apaisé, comme chaque fois qu'il contemplait une vue particulièrement belle.
La belle rousse tira un fauteuil près de celui de Sandro et s'assit à son tour. Il sourit alors, mais Lucia avait compris depuis longtemps que ses rares sourires depuis l'incident ne lui étaient pas adressés. La cause de ses sourires était les souvenirs que Sandro avait d'Ema. Et, malgré tout, les sourires qu'il esquissait faisaient toujours plaisir à Lucia : au moins Sandro existait-il encore un peu.
- Tu repenses à elle, n'est-ce pas ? Ema devait être extraordinaire.
La belle rousse songea que jamais elle ne pourrait surpasser la merveilleuse Ema au yeux de son petit ami, et cela ne la dérangeait pas, en vérité. Lucia ne désirait que le bonheur de celui qu'elle aimait, alors peu importait qui lui procurait...
Elle, Lucia, avait échoué. Elle n'avait rien vu venir, était partie trop vite, avec trop d'égoïsme. La colère qu'elle éprouvait contre elle-même n'était rien comparée à sa culpabilité, à sa peine de voir Sandro muet et désorienté depuis sa tentative de suicide. En effet, ce dernier n'avait plus prononcé un seul mot depuis ce fameux soir désormais taché par la douleur de tous...
De surcroit, ce mutisme n'aidait pas les psychothérapeutes qui étaient en charge du cas de Sandro...
Et tout cela était la faute de la jeune femme. Si elle pouvait revenir en arrière...
Tout à coup, le jeune homme tourna la tête vers elle et dit, d'un ton rauque :
- Toi aussi tu es extraordinaire, mon rayon de soleil. J'aurais tant aimé réussir à continuer, chuchota-t-il avec un sourire effrayant. Pour toi.
Le plus inespéré, le plus incroyable s'était produit, et Sandro était sorti momentanément de sa transe.
Les yeux verts de Lucia s'emplirent de larmes et elle répondit :
- Oh, Sandro... Si... Si tu veux réessayer, tu peux. Je t'attendrai toute ma vie, s'il le faut. Je t'aime trop pour te laisser seul.
Sa main fine voulut saisir celle de Sandro, mais elle retomba : le jeune homme souriait toujours, mais regardait à nouveau dans le vide, oubliant que le monde continuait à tourner.
Désespérée, Lucia essuya ses larmes, puis admira la couleur réconfortante du ciel, qui lui rappelait que tout n'était pas terminé, que l'espoir vivait encore en elle. La situation pouvait toujours être renversée.
Et elle était bien déterminée à rester aux côtés de celui qu'elle aimait.
***
Alors que Joshua et Ana venaient de finir de débarrasser la table du petit déjeuner, la jeune femme s'aperçut immédiatement que son mari était pensif.
Et elle avait raison. L'accident de Sandro avait fait remonter à la surface des souvenirs douloureux dans l'esprit déjà bien torturé de Joshua.
Bien sûr, Ana savait qu'il gardait certains de ses secrets pour lui mais elle n'osait pas aborder le sujet, attendant qu'il se confiât enfin à elle.
- Si tu as besoin de parler, je suis là, lui rappela Ana en se rapprochant de lui. Je serai toujours là.
- Je sais ma puce. Et je t'en remercie.
Il y eut un silence, puis il reprit :
- Je crois que je vais aller voir Sandro. Tu penses que ça va aller si je te laisse seule ?
- Mon chéri, je suis enceinte, pas en sucre.
Pour toute réponse, Joshua l'enlaça et l'embrassa sur le front avec beaucoup de tendresse.
Même après ce baiser, il ne bougea pas, ensorcelé par l'odeur des cheveux d'Ana, et il chuchota :
- Mais je m'inquiète pour tout en ce moment. Pour Sandro, pour toi et... pour notre enfant.
A ces mots, il laissa retomber ses bras le long de son corps avant de poser ses mains sur le ventre de sa femme.
- Si petit mais déjà si important et si attendu, s'extasia-t-il avec une émotion suprême.
- Oui... C'est tant de bonheur de vous avoir tous les deux. Je n'échangerais pas ma place, même pour tout l'or du monde.
- Moi non plus, renchérit-il en souriant. Je dois y aller, à présent. En plus, il faut que j'aille faire les courses après ma visite à Sandro. A tout à l'heure !
Ana le regarda partir, rassurée de la savoir comblé par cette grossesse. Au moins avait-il un point positif auquel se raccrocher pour compenser les difficultés de cette période.
Décidément, ce bébé constituait le présent idéal, celui dont ils avaient besoin.
Ces pensées renforcèrent son amour pour son enfant et elle se dirigea ensuite vers le salon pour dévorer un livre sur la maternité.
***
Un quart d'heure plus tard, Joshua arriva au centre de psychothérapie et demanda à l'accueil la même chose que Lucia : l'état mental de Sandro avait-il évolué ? La femme derrière le comptoir lui expliqua alors que la petite amie du patient venait juste de partir, trop bouleversée d'avoir entendu la voix de Sandro. Sentant un vent d'espoir souffler en lui, le jeune homme s'enquit de l'endroit où se trouvait le patient et y courut presque.
Joshua trouva ainsi son meilleur ami, pieds nus, sur la terrasse du centre. Il se força alors, avec une grande souffrance, à aborder un sujet tabou entre eux.
- Tu sais vieux, je ne t'en ai jamais voulu pour Ema. Tu ne l'as pas tuée, tu n'aurais jamais pu commettre un acte aussi... monstrueux. Et puis, personne n'aurait pu savoir que cela finirait ainsi, par cet... horrible drame.
Un silence terrible s'abattit sur les deux amis, un silence pesant et oppressant... Sans surprise, Joshua le rompit le premier :
- Je... J'aimerais tellement que tu te pardonnes à toi-même et que tu reprennes ta vie où tu l'avais laissée. Tout se passait bien entre toi et Lucia... Qui sait, c'est peut être un signe. Tu dois tourner la page. Car personne ne peut le faire pour toi. Réfléchis-y.
Joshua allait s'en aller quand Sandro se tourna vers lui et déclara, apparemment abasourdi par ce discours :
- Tu ne comprends pas. Je ne mérite pas de vivre.
Comme résigné face à sa défaite, presque détaché de cette situation indémêlable, Joshua répondit, prêt à se battre jusqu'au bout :
- C'est à toi de décider, je ne peux pas t'influencer là-dessus. Mais l'enfant qu'Ana porte en elle, mon enfant... Il mérite d'avoir un parrain en vie. Sinon, qui veillera sur lui s'ils nous arrivent quelque chose ?
- Les parents d'Ana.
- Eux méritent de profiter de la vie, ils ont déjà eu leur lot de soucis. Je ne sais pas si tu te rends compte, Sandro. Tu es en train de déséquilibrer nos vies, à Ana, à Lucia et à moi. Tu nous détruis. Et mon meilleur ami ne voudrait pas cela.
Prononcer des mots aussi culpabilisants, aussi égoïstes et manipuler le jeune homme n'enchantaient guère Joshua, mais avait-il encore le choix de jouer ou non sur la corde sensible de Sandro ? Ainsi, il comptait sur l'altruisme de son ami pour parvenir à ses fins : il n'était pas prêt à laisser partir son ami d'enfance.
- Tu es le frère que je n'ai jamais eu. S'il te plait, trouve la force de continuer à vivre.
Les deux hommes s'enlacèrent brièvement en espérant éprouver à nouveau le sentiment le plus désiré par l'Humanité entière : le bonheur.
Sur ces mots encourageants, Joshua laissa son meilleur ami seul face aux décisions qu'il avait à prendre. Comme il l'avait dit à son épouse, il se rendit ensuite au supermarché le plus proche pour faire les courses.
Enfin, il rentra passer du temps avec la future maman, qui lisait toujours dans le salon. Alors qu'il s'asseyait près d'elle, Ana posa son livre sur la table basse.
- Oh, j'ai un bon pressentiment, annonça la jeune femme en souriant. Il s'est passé quelque chose, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Tu me racontes ou tu préfères me faire languir un peu ?
Joshua, n'étant pas sadique, fit le récit de sa visite à Sandro avec une émotion mal contenue. Et bien sûr, il "omit" d'évoquer son lien avec Ema.
- Tu crois que ça va marcher ? s'informa Ana, émue à son tour.
- J'espère.
- Si tu veux te changer les idées, il y a encore plein de livres sur les enfants à lire, proposa-t-elle, pleine de sollicitude.
A ce moment-là, Joshua entoura Ana de ses bras et murmura, dévasté intérieurement :
- J'ai avant tout besoin de ma femme pour me consoler.
Ils restèrent ainsi longtemps, attendant que le vent tournât.
***
En début d'après-midi, un psychothérapeute arriva dans la chambre de Sandro. Il prit place près de son patient et commença :
- Bonjour Lisandro. Il parait que vous vous êtes enfin décidé à parler. C'est très bien, vraiment. Vos amis sont très heureux, comme vous vous en doutez. Ils nous ont demandé de les appeler à n'importe quelle heure si vous vouliez leur parler. Ils ont hâte de voir leur ami se remettre. J'espère que cela vous motivera un peu.
Il marqua une pause, attendant sans doute une réponse, qui ne vint pas tout de suite.
- Leur affection est bien la seule chose qui me retient encore ici.
Le psychothérapeute arbora une expression surprise. C'était la première fois depuis qu'il venait le voir que Sandro lui parlait.
- Je crois que vous avez beaucoup de chance de les avoir. Vous en avez conscience?
- Evidemment. Et c'est pour ça que je vais... essayer de me battre à nouveau. Pour qu'ils soient heureux et continuent eux aussi leurs vies. Ils le méritent tant. J'avoue que j'avais oublié qu'ils étaient concernés par chacun de mes actes, chacun de mes choix. Tout simplement parce qu'ils sont ma famille.
- Il n'est jamais trop tard pour s'en sortir. Mais pour cela, vous devez accepter de l'aide.
- Je le sais, assura Sandro à contrecoeur, avant de soupirer. On commence par quoi ?
- Eh bien... Racontez-moi d'abord ce qu'il s'est passé... le soir où votre femme est décédée.
Et, pour ses amis et Lucia, Sandro relata la pire soirée de sa vie.
***
Quant au couple, il passa à table vers treize heures. Ana s'efforça de distraire son époux, mais elle savait que ses sourires n'étaient qu'une façade.
Après manger, elle se plaint de douleurs au dos, et appela le spa. Heureusement pour la future maman, les employés pouvaient la prendre sans rendez-vous. Après un baiser à Joshua, Ana prit le volant et profita de ce bel après-midi.
Son mari aussi, puisqu'il s'offrit une heure de planche à voile.
Pourtant, aucun des deux n'arriva à oublier l'état de Sandro et même la chaleur du soleil ne parvenait pas à les débarrasser de leur amertume.
***
Après la première vraie séance de thérapie de Sandro, il demanda à ce qu'on appelât Lucia. A partir de ce moment-là, le jeune homme resta debout, immobile, devant la porte jusqu'à ce que sa belle fît son apparition.
En pleurs, elle le dévisagea.
- Je te demande pardon de t'avoir laissée seule et d'avoir minimisé la peine que tu pourrais ressentir si je... disparaissais. Je veux être avec toi. Je veux faire ton bonheur.
Elle s'élança vers lui et s'appropria ses lèvres.
Puis, elle les retira et s'exclama :
- Merci, merci de te battre ! Mais je ne veux pas que tu le fasses pour moi, ou pour quelqu'un d'autre. Fais-le parce que ça a du sens.
Et leur baiser passionné reprit.
Enfin, Sandro y mit un terme et répondit :
- Je pense que l'avenir se chargera d'apporter du sens à ma vie. Pour l'instant, je dois te parler d'une chose horrible que j'ai faite, déclara-t-il d'un ton grave. Je comprendrais si tu ne voudrais plus me voir après cela... Mais je dois t'en parler.
L'incompréhension se lut dans les yeux de Lucia, qui s'éloigna légèrement de son amoureux et dit :
- Mais de quoi tu parles, Sandro ?
- Je dois te parler de ce qui s'est passé... le soir de la mort d'Ema.
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